Biographie de Tolkien

Publié le par Nobody

J. R. R. Tolkien.
 
De Bloemfontein à Oxford.
 
Une naissance en Afrique du Sud.
 
John Ronald Reuel Tolkien est né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein, capitale de l'Etat libre d'Orange, en Afrique du Sud.
« Ma chère Mère,
J'ai de bonnes nouvelles pour toi cette semaine. La nuit dernière (le 3 janvier), Mabel m'a donné un beau petit gar­çon. Ce fut un peu avant l'heure, mais le bébé va bien, il est robuste et Mabel s'en est merveilleusement tirée. Le bébé est (bien sûr) adorable. Il a des mains et des oreilles très belles (des doigts très longs), des cheveux très clairs, des yeux « Tolkien » et une bouche très nettement « Suffield ». En gros, c'est tout à fait une version blonde de tante Mabel Mitton. Hier, quand nous avons fait demander le Dr Stoll­reither pour la première fois, il a dit que c'était une fausse alerte et a conseillé à l'infirmière de rentrer chez elle pour une quinzaine ; mais il se trompait, j'ai dû le rappeler vers 8 heures, et il est resté jusqu'à 12 h 40. Sur quoi nous avons bu un whisky pour porter chance au garçon. Son premier nom sera « John », comme son grand-père ; en tout ce sera probablement John Ronald Reuel. Mab veut l'appeler Ronald, et moi je veux garder John et Reuel... »[1]
Ses parents emploieront le deuxième prénom pour s’adresser à leur fils. Ses camarades d’école l’appelleront « John Ronald ». Ses amis lui donneront le surnom de « Tollers » et il deviendra célèbre dans le monde entier sous le nom de J.R.R. Tolkien.
Ainsi le collaborateur du fameux Oxford English Dictionary, le titulaire de trois chaires de langue et littérature anglo-saxonne, l’auteur réputé de deux ouvrages de philologie classique : A Middle English Vocabulary et Sir Gawain And The Green Knight, est né à l’autre bout du monde parce que son père, après avoir fait faillite dans le commerce des pianos, puis devenu employé de banque, s’embarque pour gagner plus rapidement de l’argent pour l’Afrique du Sud en 1888, bientôt rejoint par sa future femme qu’il épouse en 1891.
A la mort de son père le 15 février 1896, resté seul en Afrique du Sud, Ronald, Hilary Arthur Reuel, son frère, et leur mère vivent dans la petite maison de la famille de Mabel à Birmingham.
 
Une enfance à Birmingham.
 
Durant l’été 1896, Mabel trouve un petit pavillon de campagne à Sarehole, au sud de Birmingham. Après la conversion au catholicisme de Mabel qui crée des querelles au sein de la famille Suffield, les déménagements s’accumulent. Ronald ayant été admis au collège King Edward, la famille s’installe dans la banlieue de Birmingham, à Moseley. Puis en 1902, pour fréquenter le collège catholique de Saint Philip où la scolarité a un coût moins élevé qu’à King Edward, ils déménagent à Edgbaston, autre banlieue de Birmingham.
Comme Mabel juge le niveau d’enseignement trop faible, Ronald retourne à King Edward. Cette même année le Père Francis Morgan, prêtre catholique, devient l’ami de la famille.
A la mort de Mabel Tolkien, le 14 novembre 1904, c’est ce prêtre qui s’occupe des deux orphelins.
Le père Francis fait beaucoup pour les jeunes Tol­kien. Il les emmène en vacances. « Une fois, il trouva un fragment de mâchoire préhistorique qui, supposa-t-il, venait d'un dragon fossile. Pendant ces vacances, le père Francis causa beaucoup avec les garçons, et il se rendit compte qu'ils n'étaient pas heureux dans le triste logis que leur fournissait leur tante Beatrice. De retour à Birmingham, il chercha quelque chose de mieux. Il pensa à Mme Faulkner qui vivait à Duchess Road, derrière l'Ora­toire. Elle donnait des soirées musicales où assistaient plusieurs des pères de l'Oratoire, et elle louait aussi des chambres. Sa maison, décida-t-il, offrirait un foyer plus agréable pour Ronald et Hilary. Mme Faulkner fut d'accord et, au début de 1908, les deux garçons s'installèrent au 37 Duchess Road. » [2]
Ronald et Hilary ont une chambre au second étage. Au premier étage vit également une jeune fille de dix-neuf ans : elle s'appelle Edith Bratt.
Ronald se lie d'amitié avec Edith, orpheline comme lui et enfant illégitime. En 1909 ils se déclarent leur amour : il a dix-sept ans et elle vingt.
Le père Francis s'aperçoit de leur amour et s'y oppose, craignant pour l'avenir du garçon.
 
Le mariage d’Edith et de Ronald.
 
Le père Francis effectue un nouveau déménagement en janvier 1910, surtout pour éloigner Edith de Ronald. Cela ne servira à rien puisque le 22 mars 1916 Edith et Ronald se marient à Warwick.
En attendant ce jour, Ronald mène une vie partagée entre le travail et les activités estudiantines : sport, journaux étudiants et surtout les clubs et associations.
Avec Wiseman et Robert Quilter Gilson, il forme le T.C.B.S. (Tea Club Barrovian Society), né de soirées passées à prendre le thé et discuter à la bibliothèque King Edward.
 
L’étudiant à Oxford.
 
Il entre à Oxford et se lance dans les activités universitaires. Il joue au rugby, devient membre du Club de l'Essai, de la Société Dialectique, du Stapelton, le groupe de débats, et il fonde son propre club.
« Ce fut le Club des Apolausticks (ceux qui se consacrent au sybaritisme), composé surtout de débutants comme lui. Il y eut des articles, des discussions, des débats et de grands dîners extravagants. C'était un peu plus sophistiqué que de prendre le thé dans la bibliothèque du collège, mais cela procédait du même instinct d'où était venu le T. C. B. S. »[3]
A Oxford, Tolkien approfondit ses connaissances en langues anciennes, en vieil anglais et en saxon. Il étudie la littérature médiévale. Il se passionne surtout pour la philologie comparée grâce au professeur Joseph Wright.
Cependant Tolkien déçoit ses professeurs. Ils pensent que Ronald peut obtenir ses examens avec la mention très bien. Mais il n’obtient que la mention bien.
Comme dans l’option de philologie comparée – l’option dirigée par Wright -, il a obtenu la mention très bien en remettant un devoir presque parfait, les examinateurs décident de le changer d’orientation. Au lieu de continuer à étudier la littérature classique, le Dr Farnell recommande qu’il suive les cours en littérature et linguistique anglaise.
Cela convient parfaitement à Tolkien. En fait il n’a jamais manifesté un enthousiasme débordant envers la littérature grecque et romaine.
Tolkien s’intéresse davantage aux anciennes mythologies des peuples germaniques et aux légendes écrites en islandais. Bien que ce cursus soit nouveau à Oxford, Tolkien en est ravi.
Il pourra d’un côté étudier la structure et le développement de l’histoire de la langue et de l’autre il pourra lire et analyser les oeuvres littéraires écrites depuis le XIV e siècle.
Il est évident que Tolkien se passionne presque exclusivement pour la langue. La littérature moderne ne l’a jamais attiré : il n’aime pas trop Shakespeare, Dryden, Milton. Et peut-être encore moins les auteurs du XVIIIe et du XIXe siècles.
En juin 1915, Tolkien est reçu à son dernier examen de langue et de littérature anglaises avec la mention la plus élevée.
 
Le professeur d’Oxford.
 
La guerre l’empêche d’enseigner : il rejoint son poste de sous-lieutenant dans le 13e bataillon des fusiliers du Lancashire. Avant de rejoindre le front dans la Somme, Ronald et Edith se marient.
Atteint de la « maladie des tranchées », il est rapatrié en 1916 et il apprend peu après la mort de G. B. Smith, membre du T.C.B.S., qui lui a lui-même appris la disparition en juillet 1916 d’un autre ami, Bob Gilson. Le « Tea Club Barrovian Society » a perdu deux de ses membres au cours de cette guerre mondiale.
En 1920, Tolkien obtient un poste de lecteur de littérature anglaise à l’université de Leeds. Il est plus particulièrement chargé de l’option de philologie.
Deux ans plus tard un nouveau lecteur est nommé : il s’agit d’Eric Valentine Gordon avec qui il décide de présenter une nouvelle édition du poème en moyen anglais Sire Gauvain et le chevalier vert.
Puis ils fondent avec des étudiants un club viking « dont les membres se réunissaient pour boire force bière, lire des sagas et chanter des chansons comiques. »[4]
La popularité des deux professeurs grandit et comme ils sont d’excellents enseignants, la réputation de la section s’accroît et draine de plus en plus d’étudiants.
En 1925, Tolkien postule à la chaire d’anglo-saxon à Oxford. Bien que n’ayant aucune chance face à Keneth Sisam, son ancien professeur, Tolkien est élu.
Puis il ne passe plus rien, hormis « qu'il écrivit deux livres qui sont devenus des best-sellers mondiaux, des livres qui ont conquis l'imagination et influencé les pensées de plusieurs millions de lecteurs. »
« C'est un curieux paradoxe, que Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux soient l'oeuvre d'un obscur professeur spécialisé dans le dialecte moyen anglais West Midlands, et qui vécut une vie de banlieusard ordinaire entre ses enfants et son jardin. »[5]
 
Tolkien : une vie de Hobbit.
 
« Je suis un hobbit. »
 
Dans une lettre à Deborah Webster, le 25 octobre 1958, Tolkien déclare : « Je suis en fait un Hobbit ( en tout sauf en taille). J’aime les jardins, les arbres et les terres cultivées ayant échappé à la mécanisation ; je fume la pipe et j’aime la bonne nourriture simple (pas celle qui sort du réfrigérateur ), mais je déteste la cuisine française ; j’aime, et j’ose même en porter en ces temps de grisaille, les gilets maniérés. J’aime les champignons ( cueillis dans les champs ) ; j’ai un sens de l’humour très primaire (qui agace même mes détracteurs les plus élogieux) ; je me couche tard et je me lève tard (si possible ). Je ne voyage guère. J’aime le Pays de Galles ( du moins ce qu’il en reste après que les exploitations minières et les plus effrayants projets d’aménagement du littoral l’ont détérioré ), et plus particulièrement le gallois. Mais pour dire la vérité je n’ai jamais séjourné longtemps au Pays de Galles ( je l’ai traversé pour me rendre en Irlande). Je me rends souvent en Irlande ( en Irlande du Sud) parce que j’aime les paysages et les gens ( enfin la plupart), mais je ne me sens pas attiré par la langue. Je pense que cela suffit à présent. »[6]
En octobre 1925, lorsque le nouveau professeur d’anglo-saxon retrouve Oxford, le lieu où il a passé sa vie d’étudiant avant la première guerre mondiale, il mène une vie certes paisible, mais pas aussi calme que celle d’un Hobbit.
 


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[1] Lettre d’Arthur Tolkien à sa mère le 4 janvier 1892.
[2] Carpenter Humphrey. J.R.R. Tolkien, Une biographie.Christian Bourgeois Editeur. Pocket. 2004. p. 50.
[3] Humphrey Carpenter. J.R.R. Tolkien, Une biographie. Christian Bourgeois Editeur. Pocket. 2004. p. 68.
[4] Humphrey Carpenter. J.R.R. Tolkien, Une biographie. Christian Bourgeois Editeur. Pocket. 2004. p. 122.
[5] Humphrey Carpenter. J.R.R. Tolkien, Une biographie. Christian Bourgeois Editeur. Pocket. 2004. p. 127.
[6] J. R. R. Tolkien. Lettres. Christian Bourgeois. 2005. pp. 406-407.


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